•                                  Culture sur buttes

     Illustration : En mélange : poivron, carotte, basilic, laitue, radis, poireau, œillet d'Inde, tomate, chou pommé, luzerne. Allées de circulation semées de trèfle nain

                                                           Introduction

     

    Rassemblée de façon à former une butte, la terre se réchauffe plus rapidement et « ressuie » mieux : l’eau est plus rapidement drainée. Il est confortable de se pencher sur un sol un peu moins bas.

     

    Le sol n’est jamais travaillé. Rempli des racines de légumes récoltés ou de celles des engrais verts, il est toujours couvert par de la paille, du bois raméal fractionné (BRF). Ce potager autorise un joyeux mélange. Ainsi, on laissera se ressemer librement les plantes ou l’on sèmera les graines mêlées de légumes, parfois même directement sur le paillage qui recouvre la butte. Quitte à repiquer les plants surnuméraires ou mal placés à un endroit qui se libère entre les végétaux en place.

     

    Une seule règle : on installe un seul pied d’un légume volumineux, tandis que l’on peut semer des rangs de petites plantes

    Comment realiser la butte ? Pour élaborer une butte de 1,20 m de large, décaissez le terrain qui l’entoure sur 30 cm de profondeur : vous ensemencerez ces allées avec du trèfle nain. Déposez cette terre sur un lit de gravats, surmonté d’une bûche au centre de la butte afin d’éviter son affaissement.

     Mais quels sont les avantages de cette culture étrange qui demande pourtant un gros travail de mise en place?

     

    • tout d’abord, elle évite de se baisser. Quel jardinier ne s’est pas plaint que la terre était basse? La hauteur varie suivant les climats, les besoins, les cultures, la hauteur de la personne qui aura a se baisser. On peut aussi rajouter des bordures en bois qui tiendront la butte dans le temps.

     

    • Le paillage systématique, fondamental, permet de :

     

    - limiter l’enherbement,

     

    - limiter l’évaporation de l’eau et donc de presque supprimer l’arrosage (hors plantation bien sûr),

     

    - fournir régulièrement tout au long de l’année la fertilité à la butte par humification (décomposition par la faune du sol) de la couche de mulch,

     

    - protéger cette fameuse microfaune et son cortège de bactéries, champignons et autres arthropodes du gel, du soleil, du dessèchement et de l’érosion. La terre reste humide et meuble.

     

    • Le non travail du sol. Cette capacité alléchante est permise justement par le paillage et la présence forte de la multitude silencieuse, ces jardiniers de l’ombre qui humifient (humidifient aussi d’ailleurs), brassent, mélangent, complexifient et transforment les différents horizons du sol. Ces derniers ne sont jamais dérangés par un quelconque bêchage, même superficiel, et le processus complexe et vital d’aggradation (le contraire de dégradation : accumulation de nutriments et d’éléments) peut se dérouler jusqu’au bout.
    • La multiplication de microclimats. Suivant l’orientation de la butte (N/S, E/O) on aura des versants plus secs, humides, ombragés, ensoleillés, exposés aux vents dominants, chauds, froids, ce qui permettra d’ajuster au mieux les plantes suivants leurs exigences. De plus le microclimat en sommet et bas de la butte ne sera pas le même. On privilégiera par exemple des plantes grandes et exigeantes en sommet (maïs, courgettes) ou plutôt des plantes frugales en milieu et bas de pentes (oignons, fraises).
    • L’augmentation de la surface de culture. On passe du 2D à la 3D : la surélévation de notre surface de culture multiplie la surface de plantation. On peut se permettre une grande diversité de végétaux par m² et donc multiplier par là même les associations, rotations, engrais-verts, … et les rendements. Un exemple d’agriculture dite « bio-intensive ».

                                                                     Résumé

    La culture sur buttes est un type d’agriculture qui permet aux cultures de se développer en synergie et de pousser naturellement. Pas de labour, pas d’engrais préparés, pas de traitement, pas d’herbicide, l’idée est de créer une ferme-forêt où tout s’équilibre.
    Les buttes proprement dites permettent de gagner de la place, de travailler confortablement, de faire pousser ensemble différents types de plantes (fleurs, légumes, grimpants, vivaces…).




    Richard Wallner, au sein de sa ferme Le Petit Colibri, expérimente depuis 2005 l’Agriculture Naturelle et la Conception Permaculturelle. Il propose des stages et des visites pour la culture sur buttes. Ces stages s’adressent à tous les curieux, jardiniers, maraichers, qui souhaitent se former et réfléchir aux méthodes alternatives potagères.

     

    Pour plus d’infos :
    aupetitcolibri.free.fr
    Ferme écologique AU PETIT COLIBRI
    Chemin de l’évêché
    16570 Marsac

     

     

    La butte autofertile dite « Butte Morez »

     

     

     

                            crédits Robert Morez, cliquez sur l’image pour l’agrandir
     
     

    1. - Creusez une tranchée à 35 cm. Réservez la terre extraite en tas débarassés des pierres, racines et herbes (terre propre)
    2. - Garnissez le fond avec des branches coupées à 30 cm + ronces, lianes, etc ... Ranger et tassez, le mieux possible pour stocker le maximum de matières ligneuses sur 25 cm d'épaisseur environ. L'utilisation de broyat forestier facilite le travail. Arrosez copieusement. Un peu d'argile ou terre (cendres) entre les couches enrichit l'ensemble.
    3. - Etendre des feuilles mortes ou vertes - environ 20 cm - à défaut, utilisez pailles ou foins. Tassez et arrosez.
    4. - Par-dessus, ajoutez une couche de 10 à 15 cm de compost ou fumier (bouses, fientes ...). Ne plus tasser.
    5. - Couvrir avec la terre extraite. Aplanir ; établir les passages (passe-pieds) de 30 cm de large, tous les 120cm, en étalant de la paille, écorces, branches ou planches pour circuler sans trop tasser le sol.
    6. - La planche est alors prête pour les plantations ou semis.
    7. - L'arrosage s'effectue dans des "entonnoirs" (bouteilles, tuyaux ...) = forte économie d'eau.

    Forte économie d'eau, forte production ; le sol retrouve son niveau original après quelques mois

     

    Le principe vient de la vitesse de décomposition  et de la nature des éléments produits lors de la décomposition de différentes couches. Il en résulte un effet « starter » assez impressionnant ainsi qu’une fertilité très importante pendant plusieurs années, due à la dégradation des éléments plus grossiers. Elle peut durer jusqu’à 4 ans.

     

    On veillera au départ a installer plutôt des plantes exigeantes (solanacées, courges) pour optimiser les premiers temps d’hyper-fertilité! 

    Et ne pas oublier le sel : entre chaque couche, saupoudrer un peu de cendres ou de terres (matières minérales, poudre d’os, …)

     

    Résultat : une forte économie d’eau, une forte production. Le sol retrouve son niveau original après quelques mois (voire années).

     

     

    Les lasagna beds

     

    A ne pas confondre avec les buttes en « lasagnes » (ou lasagna bed), peut-être plus courantes, qui sont une juxtaposition de couches d’éléments riches en carbone (foin, feuilles sèches, BRF) et d’éléments riches en azote (tonte de pelouse, déchets de cuisines, feuilles vertes). Le principe est sensiblement le même (auto fertilité, paillage en carton) mais est plus rudimentaire.

     

    coupe d'une butte en lasagne
    coupe d’une butte en lasagne

     

     Voir le livre de Jean Paul Collaert  l'Art du jardin en lasagnes

     

    La variante permacole ou « forestière »

     

     

    Ici, la fertilité de la butte est délivrée carrément par des troncs, branches préalablement coupées quelques mois ou années auparavant. Les nutriments organiques sont délivrés ici par de gros éléments qui mettront plusieurs années à se décomposer. On peut dire qu’on est là dans du vrai « durable ». Au fur et à mesure que les troncs vont se décomposer, les racines des plantes au-dessus vont s’implanter plus profondément dans la butte pour y puiser toujours plus d’éléments fertiles.

     

    Avec un peu de chance (ou d’insémination de spores) on peut même avoir des champignons en même temps que les légumes!

     

    Attention de privilégier du bois déjà bien décomposé car on risque une faim d’azote carabinée (les aficionados du BRF connaissent ça très bien).

     

     

     

    Le grand vulgarisateur de cette technique est Sepp Holzer l’autrichien. Ce sont chez lui plusieurs hectares en montagne qui sont cultivés et aménagés par cette technique. Son excellentissime ouvrage  » la permaculture de Sepp Holzer » fait une complète explication avec moultes détails et schémas pour bien intégrer ce principe. Disponible et indispensable ici : http://aupetitcolibri.free.fr/Permaculture/Permaculture.html#Livre_Holzer

     

     

     

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